… où j’ai cherché à esquisser les silhouettes des premiers possesseurs de mes livres anciens.
Aymar-Jean de Nicolaÿ (1709-1785)
Le livre :
Les mémoires de messire Roger de Rabutin comte de Bussy
à Paris, chez Jean Anisson 1696
L'ex-libris du possesseur :
Ecu timbré d’une couronne de marquis, supporté par deux lévriers:
« D'azur au lévrier d'argent colleté de gueules, bordé, bouclé et cloué d'or »
Mention : « Ex libris D. D. P. P. de Nicolay »
Date manuscrite : 1756
Armorial d'Hozier :
Aymar-Jean de Nicolaÿ II (Paris : 13 avril 1709 - 21 mars 1785)
4ème marquis de Goussainville Seigneur d'Osny, de Sèvres, de Villebourg, etc.
Conseiller du Roi en ses Conseils d'État et privé
Colonel du régiment de dragons de son nom
Premier président de la Chambre des comptes de Paris
Des dragons à la Chambre des comptes
Colonel de Nicolaÿ Dragons :
Issu d'une grande famille aristocratique, la famille de Nicolaÿ, Aymar-Jean de Nicolaÿ II est le fils de Jean-Aymard de Nicolaÿ, marquis de Goussainville, seigneur de Presles, Yvors, Osny, premier président de la Chambre des comptes de Paris, et de Françoise Elisabeth de Lamoignon de Basville, sa seconde épouse. Il est le frère d'Antoine-Chrétien de Nicolaÿ, lieutenant-général des armées du Roi, maréchal de France, et celui d'Aymar-Chrétien de Nicolaÿ, évêque-comte de Verdun. Leur mère était la sœur du chancelier de Lamoignon. Il a été élevé avec le jeune Roi Louis XV.
De 1721 à 1724 Aymar-Jean de Nicolaÿ est lieutenant au régiment du Roi-Infanterie. Il devient ensuite capitaine au régiment de Noailles (par achat pour un montant de 8.000 livres). A partir de 1727 il est colonel et mestre de camp au régiment de Nicolaÿ Dragons. Ce régiment de cavalerie, créé en 1675, change de nom à chaque nouvelle nomination de son colonel.
Premier président de la Chambre des comptes :
En 1731 Aymar-Jean quitte l'armée et s'oriente vers la magistrature. Il est d'abord conseiller au Parlement de Paris et commissaire aux requêtes du Palais.
La mort de son frère Antoine-Nicolas lui permet de prendre sa succession, le 3 août 1731, comme Premier président de la Chambre des comptes de Paris, en survivance de leur père.
L'incendie du 27 octobre 1737 détruit une grande partie des archives de la Chambre des comptes. Cet incendie oblige à reconstruire les bâtiments détruits et à procéder à une restitution la plus exhaustive possible des registres détruits qui remontaient grâce à des doubles jusqu'à l'avènement d'Henri III. Le nouveau bâtiment est construit à partir de 1738 par Jacques V Gabriel, premier architecte du roi. Les travaux sont terminés le 31 mars 1740. Gabriel a construit un bâtiment de quatre ailes élevées sur trois niveaux autour d'une cour fermée.
Aymar-Jean de Nicolaÿ résigne sa charge en faveur de son fils Aymar-Charles-Marie le 13 septembre 1773. Il devient alors Président d’honneur de la même chambre, puis il est nommé Premier président du Grand conseil par le Roi.
Soutien au parti dévot :
Lié au parti dévot et au cercle de la reine, Aymar-Jean de Nicolaÿ soutient Mgr Christophe de Beaumont (portrait à droite) dans le conflit qui l'oppose au Parlement en 1749 au sujet de l'hôpital général où l'archevêque de Paris impose une nouvelle supérieure à l'hôpital contre celle que les administrateurs ont élue
Aymar-Jean et son frère Aymar-Chrétien, évêque de Verdun, font les plus grands efforts pour empêcher la suppression de l'ordre des jésuites en 1762.
L'évêque Aymar-Chrétien est si proche du Dauphin de France Louis-Ferdinand et de son épouse Marie-Josèphe de Saxe que la Cour pense qu'il serait nommé Premier ministre à l'avènement du prince.
Le Dauphin confie à Jean-Aymar de Nicolaÿ ses instructions secrètes qui ne devront être soumises à son fils, le futur Louis XVI, que le jour où ce dernier montera sur le trône.
Dans son testament, le Dauphin recommande à Louis XVI la famille de Nicolaÿ.
Hôtel de Chaulnes :
Aymar-Jean de Nicolaï habite dans l'ancien hôtel de Chaulnes à Paris, place Royale, aujourd'hui place des Vosges. Il se trouve sur le côté ouest de la place, entre les hôtels de Sully et Pierrard.
L'hôtel appartient au début du XVIIe siècle au conseiller du roi Pierre Fougeu, sieur Descures, époux de Claude Touchet. À la mort de Claude Touchet, en 1641, il passe à sa fille et, en 1644 il est vendu à Honoré d'Albert d'Ailly, duc de Chaulnes, avant de se transmettre à son fils Charles.
Après la mort de ce dernier, il est vendu en 1701 à Jean Aymar de Nicolaÿ, marquis de Goussainville, mort en 1737, auquel succède son fils, Aymar Jean de Nicolaÿ. La demeure prend alors le nom de " hôtel Nicolaÿ-Goussainville ".
Château d’Osny :
Le château d'Osny (actuel département du Val d'Oise) est acheté en 1719 par Antoine Nicolas de Nicolaÿ, frère d’Aymar-Jean, qui meurt sans alliance en 1731. Le fief passe ensuite à son père jusqu’à sa mort en 1737.
Osny revient alors à Aymar-Jean. Il l'augmente par des acquisitions. Son fils aîné vendra Osny quelques mois après sa mort.
Dom Racine, auteur de l'Histoire Manuscrite de l'Abbaye de Saint-Martin, présente ainsi le château d'Osny en 1765 :
“ Osny sur Viosne, que la petite rivière de ce nom arrose, est un village à une demi lieue de Pontoise. On y voit un château orné de nappes d'eau et d'allées d'arbres que M. des Noyers fit faire et planter et le rendit une demeure des plus agréables. La bonté de la terre, la salubre tempérie de l'air et l'abondance des eaux en font une terre recherchée, et son propriétaire actuel, M. le Président de Nicolaï en a encore augmenté les embellissements. ”
Famille de Nicolaÿ :
La famille de Nicolaÿ est originaire de Bourg-Saint-Andéol, dans le Vivarais. Elle est anoblie par charge de conseiller à la Chambre des comptes de Paris en 1495.
Guy Nicolaÿ (cité en 1370) est marchand drapier à Bourg-Saint-Andéol; il a pour fils Ahoult Nicolaÿ (mort en 1428), lieutenant du bailli du Roi en Vivarais, père de Jean Ier, bailli de Bourg-Saint-Andéol.
Cette famille a donné un chancelier du royaume de Naples, un maréchal de France, plusieurs officiers généraux, plusieurs colonels du régiment de Dragons Nicolaÿ, quatre évêques, plusieurs chevaliers de Malte et de Saint-Louis, un premier président du Grand Conseil, un membre de l'Académie française, chancelier des ordres du roi et neuf premiers présidents de la chambre des comptes de Paris, qui de 1506 jusqu'en 1794 s'y succèdent, avec cependant quelques exceptions.
Par lettres patentes de 1645, Anne d'Autriche, voulant récompenser les services rendus depuis plusieurs générations par la famille de Nicolaÿ, érigea au nom de son fils Louis XIV, la terre de Goussainville en marquisat en faveur d'Antoine de Nicolaÿ et de ses descendants.
> La Chesnaye-Desbois, Dictionnaire généalogique, héraldique, chronologique et historique contenant l'origine & l'état actuel des premières maisons de France, des maisons souveraines, page 615
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