Ombres de mes livres

 

… où j’ai cherché à esquisser les silhouettes des 
premiers possesseurs de mes livres anciens.
 
 
 

Louis IV Henri de Bourbon, prince de Condé
(1692-1740)
Le livre :

Satyre Ménippée

de la vertu du Catholicon d'Espagne, et de la tenue des Etats de Paris.

1726

A Ratisbone, chez les héritiers de Mathias Kermer

 
 


 


Le fer du possesseur :

Ecu timbré d'une couronne de prince du Sang,
entouré des colliers de l'Ordre de la Toison d'Or 
et des Ordres du Roi :



D'azur aux trois fleurs de lys d'or
au bâton péri en bande de gueules

Louis IV Henri de Bourbon-Condé
« le Duc de Bourbon »
( Versailles 18 août 1692 - Chantilly 27 janvier 1740 )

 7e Prince de Condé
Prince du Sang

Duc de Bourbon, d'Enghien, de Guise et de Bellegarde
Comte de Sancerre

Chef du Conseil de Régence
Premier ministre de Louis XV


Grand-maître de France
Un Premier ministre sous tutelle
Prince du Sang :

Louis-Henri de Bourbon est le fils de Louis III, petit-fils du "Grand Condé", et de Louise Françoise de Bourbon, fille légitimée de Louis XIV.

Prince du Sang, il est le quatrième dans l'ordre de succession à la couronne de France.

Avant la mort de son père il portait le titre de "duc de Bourbon" et il continuera à être connu sous ce titre, même quand il sera devenu prince de Condé.

Il est désigné comme "Monsieur le Duc", les princes de Condé n'étant plus appelés "Monsieur le Prince" depuis que les ducs d'Orléans les ont remplacés comme Premiers princes du Sang.
Chef du Conseil de Régence : 

Après la mort de Louis XIV le duc de Bourbon devient chef du Conseil de régence, sous le Régent, Philippe d'Orléans.

Il s'oppose fortement aux bâtards de Louis XIV et contribue à la diminution de leurs privilèges. Il remplace ainsi le duc du Maine à la surintendance de l’éducation de Louis XV.
Premier ministre de Louis XV :
 

A la mort du duc d'Orléans en 1723, l'abbé de Fleury, précepteur du Roi, suggère à Louis XV de prendre comme Premier ministre le duc de Bourbon, mais sous réserve que le Roi s'engage à ne pas consulter son Premier ministre en l'absence de Fleury !

Le cardinal de Bernis note dans ses mémoires :
« Si la probité et les bonnes intentions avaient suffi pour remplir ce poste important, M. le Duc aurait pu espérer d’y réussir : mais les grands talents lui manquaient, et souvent les bons conseils. »

Le ministère du duc de Bourbon est marqué par la persécution des protestants (1726), des manipulations monétaires, l'institution d'impôts nouveaux comme le cinquantième (1725) et la cherté des grains qui entraîne troubles et marasme. 

Face à une opinion publique de plus en plus hostile et à la tutelle pénible de Fleury, le duc de Bourbon finit par être disgracié à la fin de 1725, puis exilé à Chantilly.
Le mariage de Marie Leszczynska : 

Louis XV avait été fiancé à la petite infante d'Espagne, Marie-Anne-Victoire, qui était venue à Versailles en attendant qu'elle soit assez âgée pour épouser le Roi.

Mais la différence d'âge entre les deux fiancés pose problème. Marie-Anne-Victoire n'a que 7 ans en 1725 alors que le Roi en a 15. Il faudrait donc attendre plusieurs années avant que la France puisse avoir un Dauphin.

Or la succession devient urgente. Du fait de l'hécatombe dans la famille royale en début du siècle les ducs d'Orléans sont désormais les héritiers directs du Roi. Et le duc de Bourbon, inquiet pour la santé du Roi jugée fragile et rival des Orléans, craint de perdre le pouvoir en cas de mort du Roi. 

Le Conseil du Roi décide donc de renvoyer l'infante, à la grande colère du roi d'Espagne, et de rechercher une princesse en âge de procréer.

Le duc de Bourbon se rabat sur la fille d'un roi de Pologne détrôné, Stanislas Leszczynski. Le mariage est célébré le 5 septembre 1725.
La marquise de Prie :
 

Jeanne-Agnès Berthelot de Pléneuf, marquise de Prie, est la "maîtresse officielle" du duc de Bourbon.

Jolie, intelligente, spirituelle, ambitieuse et pourvue d'un réel talent pour jouer du clavecin, la marquise de Prie domine complètement le duc de Bourbon et le pousse au mariage de la reine avec qui elle noue une amitié de deux années qui en fait alors la femme la plus puissante de la cour.

Après la disgrâce du duc de Bourbon, la marquise de Prie est exilée dans son château normand de Courbépine où elle se suicide en 1727.
La marquise de Nesle et sa fille :
 

Le duc de Bourbon a aussi pour maîtresse Armande Félice de La Porte Mazarin, femme de Louis de Mailly, marquis de Nesle. La marquise de Nesle, mère des quatre sœurs de Nesle, maîtresses du roi Louis XV, était précédemment la maîtresse du duc de Richelieu.

Le duc de Bourbon en a une fille naturelle, Henriette, née le 23 avril 1725 à Paris. Sa naissance, son existence et le nom de sa mère sont tenus longtemps secrets.

Le duc décide enfin, en 1739, de légitimer le fruit de ses amours irrégulières mais en refusant toujours de "nommer la mère". Henriette est titrée demoiselle de Verneuil; elle épouse un an après le marquis Jean-René de Laguiche.
Château de Chantilly :
 

Ancienne propriété des Montmorency de 1484 à 1632, le château de Chantilly est rendu en 1661 par Louis XIV au Grand Condé.

Le duc de Bourbon ordonne des modifications importantes du château dès 1718 sous la conduite de l’architecte Jean Aubert. Les travaux se terminent en 1721. La demeure prend son aspect définitif jusqu'à la Révolution : des façades uniformes percées de fenêtres régulières enfermaient une cour à deux étages au-dessus d’un soubassement de salles voûtées.

Le duc de Bourbon est exilé à Chantilly en 1726 où il se consacre à son domaine. Il fait appel à des peintres prestigieux afin de décorer les appartements du Petit château, Jean-Baptiste Oudry, Alexandre François Desportes, Christophe Huet et Jean-Marc Nattier. Il aménage un cabinet d’histoire naturelle et créé la Manufacture de porcelaine de Chantilly. Dans le jardin, de nouvelles allées sont tracées. Le prince expérimente l’acclimatation des tulipes hollandaises sur le sol français.
Bibliothèque de Condé :
 

Héritier de la bibliothèque que les Montmorency créent au XVIe siècle à Chantilly, l'ensemble recèle de précieux manuscrits anciens.

Les livres suivent les princes de Condé dans leurs déplacements mais les dépôts principaux restent à l'hôtel Bourbon de Paris et au château de Chantilly.

La bibliothèque des Condé est probablement l'une des plus remarquables de l'époque, l'une des plus luxueuses aussi, avec des reliures soignées à la mode du temps, en veau fauve ou marbré, en velours blanc ou vert, le plus souvent en maroquin rouge ou olive, les plats décorés des armes de la famille. Un catalogue alphabétique de trois volumes in-folio sera rédigé à la veille de la Révolution qui recense cet ensemble. 
Inventaire après décès :
 

Les Archives nationales conservent, dans les minutes du notaire François-Jean Roger, l'inventaire après décès du duc de Bourbon, enregistré le 17 février 1740.

Les vacations concernent l'hôtel parisien, les deux châteaux de Chantilly, le château d'Ecouen et la ménagerie.

On y trouve des tableaux de Léonard de Vinci, Le Carrage, Véronèse, l'Albane, Van Dyck, etc., et beaucoup de copies de grand maîtres.

S'y ajoute une collection d'estampes et de tapisseries, sans compter l'orfèvrerie, les pendules, la vaisselle, etc.
Les princes de Condé :
 

La maison de Condé est une branche cadette de la maison capétienne de Bourbon. Elle est fondée par le prince Louis Ier (1530-1569), frère d'Antoine, roi de Navarre et père du roi Henri IV.

A partir de 1590, les princes de Condé portent le titre de Premier prince du Sang et sont appelés "Monsieur le Prince". Ils perdent ce titre en 1709 au profit des ducs d'Orléans.

Les princes de Conti sont une branche cadette des Condé, Armand, 1er prince de Conti, étant le frère cadet du Grand Condé.





A l'époque de la confiscation du livre il appartenait au fils de Louis IV, 
Louis V Joseph de Bourbon, 
8e prince de Condé. 
Le livre porte une mention manuscrite « Emig. Condé Chantilly » avec un numéro, ce qui signifie qu'il fait partie des confiscations faites à la Révolution au château de Chantilly.

Le livre a été entreposé le 28 thermidor an 4 au dépôt de la rue de Lille.
Une partie des ouvrages portant cette mention est actuellement à la Bibliothèque de l'Arsenal.

Louis V Joseph de Bourbon-Condé
(Paris 9 août 1736 - Chantilly 13 mai 1818 )
 
Louis V Joseph de Bourbon, 8e prince de Condé, lieutenant général des armées du Roi en 1758 pendant la guerre de Sept Ans, administre ensuite la Bourgogne.  En 1764 il  rénove et agrandit le Palais Bourbon et quitte l'hôtel de Condé. Il fait également  embellir le château de Chantilly.
 
Il figure parmi les premiers à quitter la France en juillet 1789, avec son fils, son petit-fils (le duc d'Enghien) et le comte d’Artois, leurs têtes ayant été menacées au soir de la prise de la Bastille.
 
Devenu l’un des principaux chefs de l’émigration, il crée un corps de garde, l’armée de Condé, qui lutte contre les armées républicaines. Après sa dissolution en 1801 il se retire en  Angleterre, puis revient en France sous la Restauration.
Sources :

> Eugène Olivier, Georges Hermal, Robert de Roton : Manuel de l'amateur de reliures armoriées françaises, planche 2632

> Wikipédia Louis IV  

> Fiche Stringfixer 

> Docplayer Bibliothèque Condé 

> ENSB Bibliothèque Condé 

> Wikipédia marquise de Nesle

> Demoiselle de Verneuil 

> Inventaire après décès 

> Marquise de Prie Wikipédia 

> Parisladouce Château de Chantilly 

> Carnet parodien Château de Chantilly 

> Wikipédia Maison de Condé 

> Wikipédia Louis V 


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