… où j’ai cherché à esquisser les silhouettes des premiers possesseurs de mes livres anciens.
Mathieu-Barthélémy Odouard (1758-1818)
Le livre :
Rollin : Histoire ancienne
à Paris, chez les frères Estienne, 1773
L'ex-libris du possesseur :
Ex-libris imprimé au contreplat supérieur, représentant deux palmiers portant un médaillon : " M.B. ODOUARD AVOCAT DU ROY ", avec sa devise : " VITA SINE LITTERIS MORS EST ".
Mathieu Barthélémy Odouard
(Montélimar : 23 août 1758 - 2 mars 1818 )
Avocat du roi Commissaire du gouvernement Juge de Paix Juge à la cour d'appel de Grenoble Président du tribunal de Montélimar
Chevalier de la Légion d'Honneur et de l'Empire
De l’avocat du Roi au chevalier d’Empire
Le magistrat :
Mathieu-Barthélémy Odouard débute sa carrière comme avocat du Roi en 1785. Il devient ensuite commissaire du Roi auprès du tribunal du district de Crest.
La Révolution survenant il est nommé commissaire du Gouvernement auprès du tribunal criminel en 1791 puis élu juge de paix à Montélimar en 1794.
Sous le Consulat, Odouard est successivement juge suppléant au tribunal en 1800, commissaire auprès du tribunal criminel en 1801 et juge à la cour d'appel de Grenoble en 1803.
Son dernier poste lui sera attribué sous l'Empire comme président du tribunal de 1ère instance de Montélimar en 1812, charge qu'il occupe jusqu'à sa mort en 1818.
Beau-fils de Mathieu Teisseire :
Mathieu-Barthélémy Odouard s'est marié en 1782 à Grenoble avec Henriette-Christine Teisseire, fille de Mathieu.
Mathieu Teisseire (1724-1781) est conseiller référendaire près le parlement de Dauphiné. Il possède à Grenoble un bel hôtel particulier, le "Cour Teisseire", acquis auprès du vicomte de Saint-Priest. Il est négociant liquoriste (à l'origine des actuels sirops Teisseire).
Henriette Teisseire est aussi la nièce d'Emmanuel Crétet, ministre de l'Intérieur de 1807 à 1809.
Successeur de Jean-Louis Cheynet :
Jean-Louis Cheynet (1741-1809) revend sa charge d'avocat du Roi en 1785 à son cousin Mathieu-Barthélémy Odouard.
Cheynet, maire de Montélimar, est député du Dauphiné de 1789 à 1791. Son hôtel particulier se visite toujours actuellement à Montélimar.
Franc-maçon :
Mathieu-Barthélémy Odouard est présent en 1785 en tant que maître sur le tableau de "La Bienfaisance et l'Egalité" à l'orient de Grenoble, sous la mention "Odouard cadet".
Une Loge de rite écossais, "la Parfaite Cordialité", constituée durant le premier semestre de l'année 1787, est la première Loge régulière de Montélimar. Elle réunit Rivière de la Mure, garde des Sceaux au Parlement, Serret, procureur du roi, et Cheynet, maire de Montélimar.
Odouard est mentionné comme vénérable des années 1787, 1788 et 1789.
Face à Fréron :
Fils d'Élie Fréron, journaliste et polémiste, l'adversaire de Voltaire, Louis-Marie-Stanislas Fréron (1754-1802) est un journaliste et conventionnel, notamment l'instigateur de la terrible répression de Toulon fin 1793.
Fréron est envoyé en mission dans le Midi de la France en octobre 1795. il destitue la municipalité de Marseille et épure les autorités départementales jugées réactionnaires.
A peine arrivé à Montélimar, Fréron destitue le juge de paix élu Mathieu-Barthélémy Odouard, suspect de modérantisme à l'égard des royalistes. Dénoncé par le journal l'Ami des Lois, Odouard est signalé à l'accusateur public par l'arrêté de Fréron pour que la clause pénale de la loi du 29 vendémaire an IV lui soit appliquée. Cette loi vise les compagnies de Jésus ou de Jéhu et du Soleil. Le Directoire exécutif ayant confirmé l'arrêté de Fréron, Odouard publie pour sa défense un important mémoire.
Chevalier d’Empire :
Récemment promu chevalier de la Légion d'Honneur, Mathieu-Barthélémy Odouard est nommé Chevalier de l'Empire par lettres patentes du 25 mars 1810.
Ses armoiries portent désormais la croix de la Légion d'Honneur sur le blason familial surmonté de la toque de chevalier.
Le titre de "chevalier de l'Empire" est à la base de la hiérarchie nobiliaire sous Napoléon. Le chevalier d'Empire possède le premier degré de la noblesse sans devoir pour autant être titulaire de la Légion d'Honneur. De 1808 à 1814 1 600 titres de chevalier sont créés. Le titre de chevalier se porte devant le nom ; il faut justifier 3 000 francs de revenus. Le titre de chevalier d’Empire est originellement conféré aux membres de la Légion d’honneur, mais devient finalement indépendant de l’appartenance à cet ordre.
Les Odouard :
Les Audouard, ou Odouard, sont l'une des plus anciennes familles de Montélimar.
En 1345 Durand Audouard est bailli de Gaucher Adhémar, co-seigneur de Montélimar.
Au siècle suivant Aymard Audouard est seigneur de Barcelone, puis de Valsalon. Charles VIII le nomme viguier royal de Sauzet. Son fils Arnaud ajoute plusieurs fiefs à la seigneurie de Barcelone.
Mais les Guerres de religion brisent cet élan et ruinent la famille. Au milieu du XVIIe siècle Jean Odouard tient boutique à Montélimar. Son fils reprend le titre de seigneur de Barcelone.
Paul Odouard, le grand-père de Mathieu-Barthélémy, est maître du Logis de la Poste. Son fils Gabriel, le père de Mathieu-B., est noté comme marchand.
Les Odouard portent : " De gueules à trois molettes d'or, au chef d'or chargé d'un lion léopardé de sable, armé et lampassé de gueules ".
> Baron de Coston, Histoire de Montélimar et des principales familles qui ont habité cette ville, tome IV, p. 14
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