Ombres de mes livres

 

… où j’ai cherché à esquisser les silhouettes des 
premiers possesseurs de mes livres anciens.
 
 
 
Jacques-Nicolas d’Orconte
(° 1768)
Le livre :



Gessner : La mort d'Abel


A Paris, chez Dessaint, 1777

 

Le fer de l'Ecole royale militaire de Paris:


Blason aux armes de France
timbré d'une couronne royale

entouré des colliers des ordres du roi,
de la mention " Hôtel de l'école royale militaire ",
et de la devise " PRŒMIUM ET INCITAMENTUM LABORIS "



 
L'ex-libris du possesseur :

    

L'élève "D'Orcompte" (Jacques d'Orconte) a reçu son livre de prix de l'Ecole royale militaire de Paris le 27 avril 1784.



Jacques-Nicolas d’Orconte
Jacques-Nicolas ANTHOINE DE PANCEY D’ORCONTE
(né à Blamont, Doubs, le 26 août 1768)

Condisciple de Napoléon Bonaparte
aux écoles militaires de Brienne et Paris

Sous-lieutenant au régiment de Bresse-infanterie
Officier de l’armée de Condé
Commandant de la Garde nationale de l’arrondissement d’Uzès

Chevalier de l’Ordre de Saint-Louis
Condisciple de Bonaparte aux écoles militaires de Brienne et Paris
Fils d’un capitaine du régiment de Champagne

Jacques d'Orconte est le fils aîné de Nicolas Anthoine de Pancey, écuyer, seigneur d'Orconte près de Vitry-le-François en Champagne.

Par héritage de sa première femme, Marguerite-Françoise Anthoine de Bussy, sa cousine au 3ème degré, Nicolas est aussi seigneur de Bussy-aux-Bois.

Nicolas d'Orconte est lieutenant, puis capitaine, dans le régiment de Champagne. Il est en garnison à Blamont lors de la naissance de son fils.

Il quitte peu après le régiment pour prendre le commandement d'une compagnie franche d'invalides à Arches, en Picardie.
L’Ecole royale militaire de Brienne
 

Son père n'ayant que 100 francs de rente, Jacques d'Orconte est admis à l'Ecole royale militaire de Brienne. Le règlement des écoles militaires prévoie en effet d'y accueillir les enfants des nobles qui "par leur indigence ont besoin des secours du roi".

L'ancien couvent des minimes de Brienne, en Champagne, est devenu en 1776 une succursale de l'école militaire de Paris. 

Les élèves y entrent à partir de 8 ans et restent à Brienne jusqu'à leur départ pour l'école de Paris, s’ils sont admis, vers 13 ans où ils restent environ deux ans.

L'école de Brienne accueille 60 pensionnaires fortunés et 60 élèves-boursiers choisis parmi la noblesse pauvre. L’enseignement dispensé, outre des cours de fortifications militaires, était tout à fait traditionnel: français, latin, mathématiques, histoire-géographie complétés par des cours de dessin, de musique et d’escrime.

L'école de Brienne est devenu actuellement un musée à la gloire de son plus illustre élève : Napoléon Bonaparte.
L’Ecole royale militaire de Paris
 

Jacques d'Orconte est reçu à l'école militaire de Paris le 21 octobre 1782 à 14 ans.
Le "cadet-gentilhomme" y reste jusqu'en février 1786.

L'Ecole royale militaire a été fondée en 1750 par le roi Louis XV. Elle occupe un vaste bâtiment construit par Ange-Jacques Gabriel sur le Champ de Mars. Elle est destinée à l'instruction de cinq cents jeunes gens nobles et nés sans fortune.

Rompant avec le modèle des collèges jésuites, le plan d’études fait place à la grammaire française, aux langues étrangères, à la morale et à l’histoire.
En classe avec Napoléon Bonaparte à Brienne et Paris
 

Transplanté de Corse en Champagne, Napoléon Bonaparte arrive à l'école de Brienne en mai 1779. Il n'a pas encore dix ans.

Pendant cinq années le jeune Bonaparte est coupé des siens comme le prévoit le règlement de l’école. Le régime est austère, la discipline sévère et le climat champenois particulièrement rude en hiver dans les cellules sans chauffage qui servent de chambre aux pensionnaires.   

Maîtrisant encore mal le français, Bonaparte prononce son prénom Napollioné; ses condisciples l'appellent "la paille au nez" et, au lieu de rire de ce sobriquet et de dédaigner les taquineries, il boude. D'un caractère ombrageux il passe sa scolarité avec peu de contacts avec ses camarades.

Cinq élèves de Brienne sont désignés pour aller à l'école militaire de Paris en octobre 1784 : Nicolas-Laurent de Montarby, Napoléon Bonaparte, Jean-Joseph de Comminges, Pierre François Laugier de Belcour et Henri de Castries. ils partent avec le père Berton, principal de Brienne.

En décembre 1784 le père Berton écrit de Brienne à Nicolas-Laurent de Montarby :
" Je prévois, mon cher Montarby, que je n'aurais pas le temps de vous écrire dans le mois prochain ; en conséquence, je vous souhaite d'avance la bonne année ; souhaitez la pour moi à nos chers compagnons de voyage MM. de Bonaparte, de Laugier, de Castries et de Comminges ; n'oubliez pas non plus MM. de Gresigny, Picot de Moras et d'Orcompte. "

Bonaparte garde donc à Paris, où il se montre plus ouvert à ses camarades, un contact privilégié avec d'anciens élèves de Brienne, dont d'Orconte.
Dans l’armée de Condé
 

A la différence de la plupart des condisciples de Bonaparte qui profitent de leur relation ancienne avec Napoléon pour obtenir de lui des postes et avantages, Jacques d'Orconte reste toute sa vie royaliste.

Il entre comme sous-lieutenant le 6 février 1788 au régiment de Bresse-infanterie et y devient lieutenant le 12 janvier 1792.


La Révolution l'éloigne alors; il émigre le 6 mars 1792 et entre dans la Compagnie des gentilshommes de Champagne à Trèves. Dans cette compagnie il suit l'Armée des Princes durant l'année.

Il sert ensuite de 1793 à 1795 dans la Compagnie N°10 des Chasseurs nobles de l'armée de Condé, en 1796 et 1797 comme sous-aide-major au régiment de Lascaris, et de 1797 à 1801 comme officier au régiment des Grenadiers de Bourbon.

L'armée de Condé étant démobilisée en 1801, Jacques d'Orconte retourne à la vie civile durant tout le Premier Empire.

 
Durant la Terreur blanche
 

Au retour de Louis XVIII Jacques d'Orconte obtient la croix de Chevalier de St Louis ainsi qu'un brevet de capitaine daté du 26 août 1795.

Il refuse le serment à Napoléon. A partir des Cent-Jours il rentre dans la troupe des "Miquelets" qui suit le duc d'Angoulême, fils du comte d'Artois, dans sa campagne dans le Midi. Cette expédition se termine par la défaite du Pont St Esprit en avril 1815. Les Miquelets, brusquement démobilisés, restent dans une région où la guerre civile fait rage.

Jacques d'Orconte reçoit du comte de Vogüe, inspecteur général des gardes nationales du Gard, la mission de réorganiser et de commander la Garde nationale de l'arrondissement d'Uzès.

C'est une mission particulièrement délicate car la Terreur blanche sévit particulièrement à cette époque à Nîmes et à Uzès.
La famille Anthoine
 

Le plus ancien membre connu de la famille Anthoine est Pierre Anthoine, seigneur de Pancey (actuellement Pansey dans la Haute-Marne).

Son fils Nicolas, marié  en 1672 à Vitry-le-François, est seigneur de Bussy aux Bois, lieutenant en la Grande Gruerie du Barrois.

La fille de Nicolas Anthoine de Bussy, Marguerite-Françoise, est la première épouse de Nicolas Anthoine de Pancey d'Orconte, le père de Jacques-Nicolas d'Orconte.

Nicolas d'Orconte est cousin de sa première femme au troisième degré. Ils sont tous deux membres de la famille Anthoine mais par quel lien ? Sans doute que Nicolas d'Orconte, qui est seigneur de Pancey comme Pierre, appartient à la branche aînée des Anthoine, tandis que les de Bussy forment une branche cadette.

La famille Anthoine porte d'or à trois écrevisses de gueules.
Sources :

Arthur Chuquet : La jeunesse de Napoléon. Brienne
 
Robert Laulan : Pourquoi et comment on entrait à l'École royale militaire de Paris ?

Musée Napoléon de Brienne
 
Revue de Champagne et de Brie  
 
Généalogie des Bugnot  
 
La Terreur blanche et l’application de la loi Decazes dans le département du Gard 
 
La Terreur blanche à Nîmes en juillet 1815 

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