Ombres de mes livres

 

… où j’ai cherché à esquisser les silhouettes des 
premiers possesseurs de mes livres anciens.
 
 
 
Chevalier Victor de Cessole
(1859 – 1941)
Le livre :



Albert Dupaigne
" Les montagnes "


A Tours, chez Alfred Mame & fils, 1873


 
Le fer du possesseur :

Ecu timbré d’une couronne comtale :

« D’azur au pélican d’argent
avec sa piété de gueules dans son aire avec ses petits au naturel,
surmonté de trois étoiles d’or ordonnées. »


Le livre porte aussi un ex-libris du chevalier de Cessole.

Il est surmonté d'un ex-dono signé de la main de Victor de Cessole et adressé à Pierre NICOT DE VILLEMAIN.

P. Nicot de Villemain était conservateur au Musée Masséna de Nice de 1929 à 1951. Il était en fonction quand le chevalier de Cessole a fait don de sa bibliothèque au musée Masséna.

Les deux hommes avaient des relations amicales puisqu'ils effectuèrent ensemble le 18 février 1896 la première ascension hivernale de la cime de la Nasta (3105 m) dans le pendant italien du parc du Mercantour.
Victor Jean Spitalieri de Cessole
« Le chevalier de Cessole »

(Nice 20 décembre 1859 - 23 janvier 1941)

Propriétaire rentier
Licencié de droit à la faculté d’Aix

Alpiniste, philanthrope, bibliophile, photographe

Président du C.A.F. de Nice

Officier de la Légion d’Honneur

 
Un gentilhomme niçois passionné d'alpiniste
Le philanthrope : 
 
Victor de Cessole est issu d'une famille aisée du Comté de Nice, les Spitalieri de Cessole. Il poursuit ses études jusqu'à la licence en droit.

Propriétaire disposant d'un bon capital il vit de ses rentes, ce qui lui permet d'avoir de nombreuses activités bénévoles.

Membre de la Société de secours mutuels de Saint-Barthélemy située dans son quartier, il en est nommé président en 1887.  Il devient en 1892 administrateur du Bureau de Bienfaisance et Œuvre de la Miséricorde de la ville de Nice, puis le vice-président. Il est aussi administrateur du Mont-de-piété et de l'hospice de la Providence. 

Durant la guerre 14-18 il prend la présidence de la Commission de ravitaillement du secteur Nice-Ouest. 
L’alpiniste :

C'est à 30 ans, sur les conseils de son médecin, que Victor de Cessole découvre l'alpinisme en 1889.

Après l'initiation sur les hauteurs dominant la Vésubie, il entreprend l'escalade systématique des sommets du Mercantour dans les Alpes-Maritimes et de l'Argentera en Italie.

Il réalise plusieurs premières dont le Corno Stella en 1903 et les Aiguilles de Pelens en 1905. Il s'attaque aux hivernales en Tinée et en Vésubie. 

Au cours des années 1900, il quitte plusieurs fois son terrain favori pour aller à la rencontre des grands massifs des Alpes françaises (Oisans, Pelvoux, Grande-Chartreuse, Mont Blanc…) et suisses.

En hommage à l'œuvre du chevalier de Cessole un pic de 2 915 m d'altitude dans le Mercantour, gravi par lui en 1901 et alors anonyme, porte désormais son nom.
Le président du CAF :

Nommé secrétaire en 1894, puis président de 1900 à 1932, c'est le chevalier de Cessole qui lance véritablement la section des Alpes-Maritimes du Club Alpin Français. 

Il cherche à faire prospérer le tourisme alpin dans les Alpes-Maritimes, inexistant au début du XXe siècle. Il fait ainsi connaître la montagne par des conférences, des banquets, l'accompagnement des citadins et des scolaires. Il développe les sports d'hiver, ski et patinage, et organise la première compétition de ski, à Peïra-Cava, en 1909.

Il est à l'origine de la création de refuges de montagne, tels celui de  la vallée de la Gordolasque en 1901 et celui de Rabuons en 1905. 

Il est aussi l'initiateur en 1930 de la création des secours en montagne dans le département. 
Le naturaliste :

Soucieux de préserver les plantes endémiques, le chevalier se bat pour que soit interdite la cueillette des fleurs en montagne. Sur sa requête, le préfet des Alpes-Maritimes interdit l'arrachage de la flore alpine par l'arrêté du 28 juin 1904. 

À la lecture des articles qu'il livre aux revues spécialisées, on reste confondu par les connaissances étendues, par l'éclectisme des domaines couverts : Minéralogie, paléontologie, botanique, zoologie, histoire, architecture, ...

Ses préoccupations sont d'ordre scientifique et topographique. Victor de Cessole marche et grimpe avec la montre, le calepin, le baromètre et l'appareil photographique. Il écrit plus de cinquante monographies sur ses expéditions et réalise près de dix mille photographies, 
La villa de Cessole :

Le comte Hilarion de Cessole édifie en 1830 une grande villa sur les hauteurs de Nice entourée d'un terrain d'une quinzaine d'hectares. 

En 1904 la famille de Cessole fait don de la villa à l'évêché mais conserve une partie du parc où elle fait construire une maison plus modeste, la "Villa des hoirs de Cessole", actuelle Maison de l'environnement de Nice (photo).

Victor de Cessole vit successivement dans les deux villas durant de longues années. Il  achète un palmier dattier à un marchand ambulant italien, le plante sur les terrasses de la maison familiale et parvient à lui faire produire près d'un quintal de fruits par an.  
L’hôtel Spitalieri de Cessole :

Honoré François Spitalieri, futur comte de Cessole, fait édifier un très bel immeuble place St Dominique, dans le vieux Nice, entre 1762 et 1768. 

Au début du XIXe siècle l'immeuble est partagé entre l'hôtel d'York et la partie est où reste la famille de Cessole.

L'immeuble est intéressant par sa cage d'escalier, son balcon et sa porte cochère qui est fermée par une grille. Des bandeaux horizontaux de stuc séparent les étages sur la façade, marques architecturales caractéristiques des palais niçois du XVIIIe siècle. 
La bibliothèque du chevalier de Cessole :

Victor de Cessole donne au Musée Masséna de Nice l'ensemble de la bibliothèque familiale.

L’acte de donation du 15 mars 1933 est assorti de « conditions absolues et déterminantes » :

« La bibliothèque devra être installée, conservée et mise en valeur dans une salle spéciale du Musée Masséna, qui ne pourra jamais être désaffectée et dont le contenu ne pourra pas être dispersé,... portera le nom du Chevalier Victor de Cessole. Cette bibliothèque et ces collections devront être mises gratuitement à la disposition du public, ne pourront jamais être fusionnées avec d’autres bibliothèques, aucune pièce ne pourra en être détachée ni prêtée... Il pourra être adjoint d’autres livres, estampes ou gravures qui, par achats, dons ou legs viendraient enrichir les fonds ... cette fondation sera administrée par un conseil de 9 membres,... ».

Le fonds Cessole compte 1825 ouvrages généraux et bibliophiliques, 1795 livres sur la Provence, la Savoie et l'Italie du Nord, 5719 sur le Comté de Nice et la Côte d'Azur, 435 manuscrits, 175 titres de journaux, 4 mètres linéaires de pièces d'archives, 1 400 cartes et plans dont 54 manuscrits, environ 700 estampes, 7019 plaques de verre.

Parmi les ouvrages bibliophiliques, relevons sept incunables, des éditions de grands imprimeurs comme Gryphe, Estienne, Alde, Elzévier, Cramoisy, Léonard, de nombreux classiques français et italiens des XVIIe et XVIIIe siècles, tels que l'Astrée, le Mercure françois, la plupart des éditions des lettres de la marquise de Sévigné. La série d'atlas compte les éditions anciennes de Abraham Ortelius 1571, Mercator 1595, Breughel 1588, Tassin 1631… 

Depuis la Bibliothèque du chevalier de Cessole n'a cessé de s'enrichir jusqu'à nos jours.
Le trophée « Victor de Cessole » :

La principale course de ski alpin des Alpes-Maritimes porte le nom du chevalier de Cessole.

Elle se déroule au départ de Castérino (hameau de Tende) autour de la Vallée des Merveilles.
Les Spitalieri de Cessole : 

La famille Spitalieri, originaire de Barcelonnette, est connue à Nice depuis le XVIe siècle. Elle y exerça le commerce jusqu'au milieu du XVIIIe siècle puis occupa d'importantes fonctions, notamment au sénat de Nice.


La famille est anoblie le 23 mai 1775 en la personne de François-Honoré Spitalieri (1720-1792). Par lettres patentes il est inféodé au lieu de Cessole (près d'Acqui Terme, dans le Piémont) avec le titre de comte. 

Son fils Jean-Joseph fait construire le palais Spitalieri de Cessole. Le fils de celui-ci, Hilarion (1776-1845), président du sénat de Nice, est le grand-père de Victor de Cessole. => portrait à droite

Charles de Cessole
Carlo di Cessole
(Nice : 17 juin 1807 -  29 avril 1871) 

Henri de Cessole
Enrico di Cessole
(Nice : 16 février 1810 - 17 mai 1875) 
 
Un deuxième livre ("Dictionnaire de la Fable" de Millin édité en italien à Plaisance en 1807) porte aussi la signature de Victor de Cessole.

S'y ajoutent les signatures de son oncle Charles et de son père Henri qui ont possédé le livre avant lui.

Le comte Charles de Cessole - Louis Etienne Charles Spitalieri de Cessole - (1807 - 1871), officier Piémontais, est devenu marquis de Châteauneuf par réversion des Peyre de Châteauneuf, famille de sa mère (lettres patentes royales du 9/09/1828).

   
Le chevalier Henri de Cessole - Joseph Benoit Henri Spitalieri de Cessole - (1810-1875), officier de marine, est le frère cadet de Charles et le père de Victor.
Une inscription énigmatique :

Le dictionnaire de la fable italien porte au dos de sa dernière couverture une curieuse inscription.

Deux écritures différentes, la deuxième inscription correspondant sans doute la réponse à la première.

Qui peut-être ce "P. de #" ?

Si vous avez une explication à proposer merci de me contacter.
Sources :
 
Victor de Cessole dans Nice-Historique 
 
 
 
Site de l'exposition Victor de Cessole - Un photographe dans les Alpes 

Article de J.P. Potron - Victor de Cessole photographe 

> Notice de la Bibliothèque numérique de Lyon

Didier Gayraud – Demeures d’Azur 

Famille Spitalieri de Cessole sur Wikipédia 

> Hôtel Spitalieri de Cessole sur Wikipédia 


Les textes et documents utilisés dans cet article proviennent des sources mentionnées ci-dessus. Je me suis efforcé de n’utiliser que des éléments qui font l’objet d’une diffusion publique mais, s’il apparaît à l’un des propriétaires de textes ou d’images que j’enfreigne ses droits, je le remercie de le signaler ; cela sera retiré immédiatement.



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